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Heureux à Esneux

Il y a 12 ans, le 4 février 2011 – triste souvenir

Je n’ai pas dormi du tout cette nuit. Je m’étais assoupi quand j’ai entendu un cri violent qui m’a précipité sur l’interrupteur pour éclairer la pièce. Je vois Odette assise sur le bord du lit, les yeux grand ouverts. Elle me regarde d’un air fou et me demande où elle est. J’essaie de la rassurer en lui expliquant qu’elle est chez nous, mais elle ne veut pas me croire. J’ai toutes les peines du monde à la recoucher. Quelques minutes après, elle tente d’arracher le cathéter de son bras. Je dois pratiquement me battre pour l’en empêcher, mais heureusement sa faiblesse me permet de dominer ses mouvements, de plus en plus désordonnés.

Une heure du matin, je téléphone et réveille notre médecin. Il me dit de me calmer, de lui faire avaler deux somnifères et qu’il passera en début de matinée. J’essaie de lui ouvrir la bouche, mais elle serre tellement fort ses dents que je n’arrive pas à les introduire. Elle se fâche sur moi, me reprochant de l’empêcher de sortir de l’hôpital. Cela devient une lutte épuisante entre moments d’accalmie et retours de son agitation. Désespéré, plusieurs fois je décroche le téléphone pour appeler les secours et à chaque fois, je m’arrête en me rappelant la promesse faite de la laisser mourir dans sa maison. Dieu que c’est dur.

Je cherche le réconfort auprès de ma chienne, mais elle n’est plus là. Apeurée, elle s’est réfugiée dans la cuisine, ne comprenant probablement pas ce qui se passe. Je suis terriblement seul.

Neuf heures du matin, le médecin est là. Elle est calme, probablement épuisée par cette nuit d’horreur. Il me dit que le moment fatal approche, que la morphine lui donne de la confusion mentale et qu’il repassera en fin d’après-midi pour éventuellement augmenter un peu la dose.

Je passe ma journée à la couver du regard et frémit à chacun de ses plaintes ou gémissements. Bien que le docteur m’ait affirmé qu’elle ne pouvait plus souffrir sous l’influence de la morphine, j’ai peine à le croire. J’ai placé une chaise à proximité de son lit et lui tiens sa pauvre main dans la mienne. Je la sens régulièrement se crisper et chaque fois j’ai un coup au cœur.

Vingt heures, le médecin l’examine et me confirme que la fin est proche. Il me signale qu’il sera absent la nuit, car il va veiller un ami mourant à Bruxelles, mais me promet de venir demain matin dès son retour, bien qu'il n'exerce pas le samedi.

La soirée est plus calme et je la vois enfin dormir paisiblement. Son visage s’est détendu et me semble paisible, sa respiration s’est faite légère et régulière. Je vais la veiller toute la nuit dans l’attente de son dernier soupir. Je ne pleure plus, j’ai les yeux trop secs et je suis dans une lassitude extrême !

 

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